Ce soir, le ciel tonne. Un orage
se prépare. C’est rare dans la région en fin d’été. Rayan se réfugie dans sa
chambre, éteint la lumière, s’endort. Au cœur de la nuit, il est
réveillé par les zébrures des éclairs qui déchirent les ténèbres, inondent
brièvement la chambre d’une lumière aveuglante. Des grondements secouent la
maison comme le feraient les spasmes d’un tremblement de terre. Les gouttes
d’une pluie torrentielle crépitent sur les vitres comme le grésillement d’un
fil électrique mal branché.
Il a perdu le sommeil. Comme entré
dans une résonance avec lui, l’orage fait écho à la tristesse de son âme. L’eau
tombe du ciel comme ses larmes coulent de ses yeux. L’atmosphère vibre sous
l’effet des roulements du tonnerre, au rythme des battements de son cœur
oppressé. L’orage sévit sur Cap de l’eau, comme la tourmente agite son être.
Étrangement, la furie de la nature atténue son chagrin. En lui-même, il se
parle, lui parle, parle à la femme qu’il ne verra plus jamais.
Je t’ai aimée comme je n’ai aimé nulle femme avant toi. Je t’ai aimée comme je ne pense aimer nulle autre après toi. Je me suis donné à toi. Je t’ai donné mon cœur, mon corps. Je t’ai offert mon âme, ma vie. J’ai aimé ta joie de vivre, ton rire, ton insouciance. Je t’ai aimée… parce tu m’as fait sentir que j’étais un homme. J’ai voulu garder ce sentiment à jamais, en te gardant près de moi. Tu en as voulu autrement.
Je t’ai aimée comme je n’ai aimé nulle femme avant toi. Je t’ai aimée comme je ne pense aimer nulle autre après toi. Je me suis donné à toi. Je t’ai donné mon cœur, mon corps. Je t’ai offert mon âme, ma vie. J’ai aimé ta joie de vivre, ton rire, ton insouciance. Je t’ai aimée… parce tu m’as fait sentir que j’étais un homme. J’ai voulu garder ce sentiment à jamais, en te gardant près de moi. Tu en as voulu autrement.
Ce soir, le lit qui a abrité nos amours sert de litière
à mes souffrances. Les questions s’entrechoquent dans ma tête. Es-tu consciente
de ce que tu es devenue ? Ne regrettes-tu pas nos belles années ? Je ne suis
pas l’homme idéal. Es-tu la femme parfaite ? Nous avons nos différends. C’est
normal. Je ne peux pas les assumer seul et te servir d’exutoire.
Je garde mon chagrin en moi. Je porte ma
croix la nuit, affiche ma dignité le jour. Je n’ose chercher le réconfort dans
d’autres bras.
En partant, tu as pris avec toi le plus beau, le
plus divin, le plus merveilleux des mots. Tu as pris avec toi "Je t’aime". Un
mot magique que je ne pourrais plus dire.
Mais toi, m’as-tu vraiment aimé un jour ?
Extrait de "Tant que je peux te dire je t'aime"
Roman de Rida Lamrini
Bouznika, 06 février 2020