samedi 1 octobre 2022

Tant que je peux te dire je t'aime : Note de lecture de l'écrivain Adil Boutda

Je publie ci-dessous l'affiche de la dernière œuvre de Rida Lamrini. J'ai écrit "oeuvre" car c'est un roman à tiroirs où s'entremêlent fiction, autobiographie et témoignage.

Rayan, le personnage principal est un "jeune senior" qui doit affronter le revirement et la vénalité soudaine de sa femme. En vivant les soubresauts d'une douloureuse séparation, Rayan aura le temps de fréquenter plusieurs femmes. L'occasion pour Rida de conter subtilement les difficultés d'une vie de célibataire, pour des femmes matures, au sein d'une société patriarcale comme la nôtre.

Tout cela n'empêche pas l'auteur de nous raconter des episodes romantiques et sensuels, vécus par notre "senior" au milieu de la gente feminine. Et c'est quand il réussit à nous installer dans ce "confort livresque", en nous contant fleurette, que l'auteur nous porte l'estocade! Un véritable coup de théâtre ébranle le récit en son beau milieu.
Un drame avait frappé sa famille! Une affaire qui remonte à une dizaine d'années dans l'histoire intime de Rayan. Commence alors une "gestion" asymétrique de ce souvenir tragique, entre le "fils-victime", qui exige réparation de la part de son père, et la difficulté pour ce dernier de comprendre et de se rallier complètement à son fils. En effet, Rayan prêche la réconciliation et le pardon car il est d'abord un père, et pour la victime et pour le bourreau! Mais avec une grande maestria, l'auteur réussit à faire rapprocher les points de vue du fils et du père et à imaginer un compromis inédit afin de rendre justice à la victime.
La dernière partie du roman est d'une architecture complexe et subtile à la fois, où l'auteur et ses personnages s'échangent les rôles et où le rêve et le réel s'entremêlent!
Une fiction dense, captivante et agréable à lire, doublée d'un témoignage poignant sur un drame vécu par plus de monde qu'on ne le pense. Rida Lamrini a fait preuve d'un courage indéniable en mettant le doigt sur un des maux-tabous qui continuent de ronger silencieusement notre société. Chapeau bas l'artiste!

Adil Boutda
30 septembre 2022