Le néant. Le noir total. Le silence absolu. Rien n’existe.
Juste le vide sidéral. L’abysse infini. L’inertie immuable. Soudain… un éclair
aveuglant. Un trait de lumière jailli de nulle part, vite fondu dans l’obscurité.
Un hurlement déchire l’atmosphère. Un cri strident crève le calme : lève-toi ! Puis le retour au néant.
Le plongeon dans l’abîme cosmique.
Saisi d’une frayeur intense, il ouvre brusquement les
yeux, émerge du vide astral, découvre la terreur… la mort ! Allongé dans
un lit suspendu au milieu d'une ténébreuse immensité, il aperçoit au-dessus de lui la silhouette
d’un homme vêtu d’un élégant costume noir, porté sur une chemise d’un blanc
immaculé, nouée avec une cravate noire. Il le regarde avec des yeux perçants,
les mains croisées devant lui sur un poignard. Il va le tuer. Il ne peut se
dérober à son sort, n’a aucune échappatoire. Le tueur accomplira fatalement sa
macabre besogne. Combien lui reste-il à vivre ? Quelques minutes ? Il
n’a jamais pensé qu’il mourrait sous les mains d’un assassin. Une mort annoncée,
inéluctable, sans possibilité de lui échapper. Nulle part où s’enfuir. Nul endroit
où se cacher. Il ne peut qu’attendre… que la vie lui soit ôtée. Sa fin est
arrivée. Il a toujours pensé que son terme viendrait très tard, qu’il mourrait dans
son lit, entouré d’êtres bien-aimés, après leur avoir fait ses adieux. Avec ce
tueur au-dessus de sa tête, il n’a pas le temps d’arranger ses affaires pour un
départ ordonné. Paralysé par une peur violente, il respire difficilement, suffoque.
Dans sa terreur, il cherche comment échapper au tueur. Il n’a pas le temps de
réfléchir, de planifier, d’exécuter un plan quelconque.
Soudain, comme poussé par un puissant ressort, Rayan se redresse violemment, pousse un cri d’épouvante, se retrouve
assis dans son lit d’hôtel, hors d’haleine, les yeux effarés, la respiration saccadée.
Il allume la lampe de chevet, peine à passer de la frayeur du cauchemar à la quiétude
de sa chambre. Aurait-on entendu son cri ? Assis, il s'efforce de
retrouver son souffle, reprendre contrôle de ses sens. Revenant peu à peu à lui, il essaie de comprendre le sens du cauchemar. Las, agacé par une légère
migraine, il renonce à lui trouver une quelconque signification.
Un pâle rai de lumière s’est
faufilé entre les rideaux, sans réussir à dissiper l’obscurité de la pièce. Perturbé, il décide
de se prélasser dans le lit, se laisser bercer par la radio et son flot
d’informations matinales. Il a besoin de décompresser, profiter
de son bref séjour à Paris, prendre du temps avec ses enfants, se libérer de l’angoisse
qui le taraude lorsqu’il pense au mal insidieux qui mine son foyer, distend ses
membres et pousse ses enfants à s’éloigner du nid familial, et lui à leur courir
derrière.
Rida Lamrini
Extrait de "Tant que je peux te dire... je t'aime"
Bouznika 18 avril 2019