Un jour, après avoir été choyé
par la vie, vous vous réveillez sous un firmament débarbouillé de gris. Après
vous être évadé dans l’éther azuré, vous retrouvez une voûte céleste obscurcie.
Après vous être baigné dans la lumière du jour, vous sombrez dans les ténèbres
de la nuit.
Un jour, l’être cher que vous
serrais contre vous s’évanouit de votre vue. Les enfants qui éclairaient votre
foyer s’envolent de votre vie. Les proches qui partageaient vos émotions
désertent votre existence.
Un jour, après avoir bu des
calices de l’existence, vous êtes saisi d’une soif inextinguible. Après avoir
mordu dans une vie trépidante, vous sombrez dans une morne platitude. Après
avoir vécu des nuits enivrantes, vous revenez à une trivialité insipide.
Un jour, après avoir vogué sur
toutes les mers, vous vous retirez dans une île isolée. Après avoir volé dans
les cieux, vous arpentez les chemins de traverse. Après avoir exploré les
lointaines contrées, vous fondez dans un désert infini.
Un jour, après avoir poursuivi
vos rêves fous, vous vous figez devant la navrante réalité. Après avoir couru
après le lustre de la gloire, vous vous résignez à une sinistre opacité. Après
vous être élevé vers les horizons lumineux, vous rechutez dans les noirceurs de
l’obscurité.
Un jour, après avoir goûté au
bonheur, vous le voyez filer entre vos doigts. Après avoir joui des délices de
la félicité, vous regoûtez aux affres de l’adversité. Après avoir plané dans
l’euphorie, vous retombez dans l’infortune.
Un jour, après avoir dressé les
piliers de votre vie, vous les voyez fondre irrémédiablement. Après avoir
sécurisé votre pitance, vous la voyez se tarir inexorablement. Après avoir
sanctuarisé votre existence, vous la voyez se consumer inexorablement.
Un jour, après avoir érigé des
édifices, vous doutez de leur solidité. Après avoir construit des monuments,
vous questionnez leur finalité. Après avoir élevé des bâtiments, vous vous
interrogez sur leur utilité.
Un jour, après avoir tant vécu,
vous doutez de la vie.
Après avoir tant adoré, vous
vous résignez à un monde sans amour.
Après avoir tout perdu, vous
êtes étonné de ce que vous avez gagné.
Après avoir tant donné, vous
êtes frappé par l’ampleur de ce que vous avez reçu.
Après avoir tant conquis, vous
évaluez le peu qui vous est resté.
Après avoir tant couru, vous
admettez que vous avez poursuivi des chimères.
Après avoir tant acquis, vous
mesurez la futilité des biens amassés.
Après avoir tant souffert, vous
découvrez l’invincible force que vous êtes devenu.
Ce jour-là, peut-être,
finirez-vous par réaliser ce qui importe le plus dans votre vie.
Rida Lamrini
Bouznika, le 18 septembre 2019
Ce texte est une révision
de la version publiée
le 21 novembre 2012
de la version publiée
le 21 novembre 2012