Ahmed roule sur une route déserte. Soudain, il aperçoit
une voiture arrêtée sur le côté. Elle semble en panne dans cet endroit désert. Il
ralentit. Arrivé à sa hauteur, il aperçoit une vieille dame dans la faible
lumière du jour. Elle se tient debout contre la voiture.
Il s’arrête, sort de sa vieille voiture et se dirige
vers la dame. Terrifiée, debout sous le crachin, elle grelotte de peur autant
que de froid. Un sourire se dessine aussitôt sur le visage de la dame. Cela
fait un moment qu’elle attend, désespérée de voir quelqu’un se porter à son
secours. L’air hébété, elle s’interroge sur les intentions du jeune homme ?
– Je vais vous aider Madame,
dit-il. Rentrez dans la voiture. Il y fait meilleur. Mon nom est Ahmed.
Il constate un pneu crevé. La dame ne peut rien y
faire en raison de son âge. Il ouvre le coffre arrière et y trouve le
nécessaire pour changer la roue. Il s’accroupit, place le cric sous la voiture,
se frotte les mains pour se réchauffer et se met au travail. Une fois la roue
remplacée et les écrous resserrés, il range les outils et referme le coffre. La
dame voit qu’il s’est sali les mains et blessé un doigt. Elle abaisse sa vitre
et lui dit :
– Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir
tirée de cette mauvaise affaire. J’ai eu peur, vous savez. Je commençais à
m’imaginer des choses affreuses avant votre arrivée. Combien je vous
dois ?
– Je n’ai pas à être payé chère Madame, dit Ahmed.
Je n’ai rien fait pour ça. Ce n’était pas un travail. Je n’ai fait que changer votre
roue. Vous étiez dans le besoin.
Elle sourit. Il continue :
– Vous savez Madame, Dieu sait combien de fois on m’a
assisté dans le passé. Normal qu’à mon tour j’aide ceux qui en ont besoin !
Mais si vous voulez me payer en retour, la prochaine fois que vous voyez quelqu’un
dans le besoin, donnez-lui un coup de main et…souvenez-vous de moi !
Elle démarre son véhicule et reprend sa route. C’est
une belle journée froide. Ahmed reprend son chemin vers chez lui. Il se sent
bien. Pourtant, la vie n’est pas facile pour lui en ce moment.
À quelques kilomètres de là, la vieille dame s’arrête
à une auberge pour se réchauffer et prendre une bouchée. Malgré l’heure tardive
et une rude journée de travail, la serveuse qui était sur le point de baisser
le rideau l’accueille avec un sourire avenant, lui offre une serviette propre,
l’aide à sécher ses cheveux mouillés et lui sert à manger. La vieille dame
remarque sa mise modeste et son ventre de plusieurs mois. Mais ni l’effort ni
le travail n’ont altéré sa bonne humeur !
La vieille dame se demande comment une personne avec
si peu peut être aussi généreuse envers une étrangère. Elle se souvient d’Ahmed.
Son repas fini, elle pose un billet de de forte valeur sur la table. La
serveuse s’en va chercher la monnaie. La dame en profite pour se faufiler
dehors et disparaître. De retour, la serveuse se demande où la cliente a bien
pu aller. Elle remarque une note sur la table : « Vous ne me devez rien.
Je suis aussi passée par là. Quelqu’un m’a aidé à m’en sortir. je le fais à
mon tour avec vous. Si vous voulez me payer en retour, ne laissez pas cette
chaîne d’amour prendre fin avec vous. »
Sous la serviette de table, il y a quatre autres billets
de la même valeur. Les yeux de la serveuse s’embuent. Transportée de joie, elle
décide de s’occuper plus tard des tables à nettoyer, des boîtes de sucre à
remplir… Elle remonte au premier étage où elle vit, se met au lit en attendant
son mari. Elle sait combien celui-ci est inquiet. Leur ménage est criblé de
dettes. Elle pense à la note et à l’argent que la vieille lui a laissés. Comment
a-t-elle pu savoir qu’elle et son mari en avaient besoin ? Avec un bébé le mois
suivant, cela s’annonce très dur.
Quelques instants plus tard, au moment où son mari
se glisse près d’elle, elle lui donne un doux baiser et chuchote à son oreille
:
– Tout ira bien Ahmed. Je t’aime.
Un vieux dicton dit un bienfait n’est jamais perdu
et les mains ouvertes finissent par attraper quelque chose.
Depuis que j’ai appris cette histoire, je ne cesse
de penser à Ahmed, son épouse et la vieille dame. Je pense à eux et partage
leur histoire autour de moi. Il y a tant de gens qui sont dans le besoin dans
ce monde. Je partage leur histoire pour que la lumière continue de briller,
pour que ne se brise jamais la chaîne de l’amour, pour que l’on ne se lasse
jamais de faire du bien… non jamais.