mercredi 19 juin 2013

Khaoula

Lorsque le soleil brille, mais que l’horizon se colorie subitement de gris, je me réfugie dans les yeux noisette de Khaoula.
Quand l’aube se lève sur un ciel chargé de nuages, je cherche l’éclaircie dans son sourire inimitable.
Lorsque la vie arbore son visage désagréable et décrète le temps des épreuves arrivé, je trouve le répit dans ses yeux rieurs.
Quand le comportement de mes congénères me fait languir à une retraite dans le calme de contrées inhabitées, je lui fais un clin d’œil qu’elle me retourne illico avec sa spontanéité angélique.
Lorsque les tracas du monde réveillent ma migraine, je trouve le soulagement en regardant son visage paisible.
Quand je peine à comprendre la politique des hommes, je lui fais un sourire qu’elle me rend aussitôt ingénument.
Lorsque je désespère de voir le monde un jour conforme à mes espérances, il me reste son regard désarmant.
Quand, désenchanté par la lecture des nouvelles dans la presse, las des scènes offertes par mes semblables dans les rues, désabusé par les conduites de mes congénères dans la vie, je me dirige vers Khaoula pour apaiser mes angoisses.
Lorsque le destin nous arrache des proches et des compagnons de vie, que je me pose des questions sur l’existence et son sens, je prends Khaoula dans mes bras et oublie du coup tout mon questionnement.
Quand je suis submergé par le sentiment d’être un étranger dans ce monde et que j’ai du mal à m’accorder avec mes semblables, un simple regard sur Khaoula me réinsuffle espoir et détermination.
Lorsque paroles, écrits et actes se perdent dans le néant de l’indifférence, il me reste le rire éthéré de Khaoula.
Quand, écœuré par des postures humaines qui ne distinguent ni le bien ni le mal, ni le moral ni le corrompu, alors me soulagent son visage rayonnant, son sourire qui donne naissance à d’irrésistibles creux dans ses petites joues, et ses cris de joies qui égaient la maison.
Lorsque le doute m’assaille, que je perds le goût de vivre, que demain ressemble à aujourd’hui en plus gris, Khaoula me redonne l’envie de me lever le matin et de repartir à l’assaut d’un monde qui semble avoir repris des couleurs.
Lorsqu’elle cligne des yeux pour attirer l’attention, ou lorsqu’elle sourit pour avoir un sourire en retour, ou lorsqu’elle court pour jouer à cache-cache, Khaoula met une joie candide dans la maison. La vie prend une autre saveur. Le monde redevient vivable. J’oublie les guerres. J’oublie la misère. J’oublie la politique. J’oublie les injustices. J’oublie les hypocrisies. J’oublie les jalousies. J’oublie les mesquineries. J’oublie les méchancetés. J’oublie les crasses. J’oublie les coups bas. J’oublie la médiocrité. J’oublie la cupidité. J’oublie l’arrivisme. J’oublie l’incivisme. J’oublie l’égoïsme.
Et je me demande si le paradis n’est pas dans les yeux de Khaoula, si le bonheur n’est pas de la serrer contre moi, si la félicité n’est pas dans ses rires innocents.
Khaoula, tu répands une telle joie autour de toi du haut de tes deux ans.
Chaque jour, tu me réconcilies avec l’humanité et me rappelles que le bonheur est finalement à portée de main.
Il est dans le sourire des bébés… ce paradis perdu de l’humanité.


 Rida Lamrini - 19 juin 2013