Imaginez un pays sans relief, comme une espèce de
plateau de près de 600.000 km2 de superficie, parsemé de vallons, sans d’accès
à la mer. Un désert de collines rocailleuses, de marais salants secs et de
buissons broussailleux occupe de surcroît près de 70 % du territoire. Il porte
le fameux nom de Kalahari. Le pays est bordé au sud par l’Afrique du Sud, à l’ouest
par la Namibie, au nord par la Zambie et le Zimbabwe. Enclavée, son économie
est étroitement liée à celle du voisin sud-africain, dominée pour moitié par
les services et l’autre moitié par les mines.
Vous l’avez compris, je parle du Bostwana.
Pourquoi je vous en parle aujourd’hui ?
Autrefois protectorat britannique, ce pays
d’Afrique australe devint indépendant le 30 septembre 1966, avec Gaborone
pour capitale. Classé parmi les vingt-cinq pays les plus pauvres de la terre à
l’époque, il passe aujourd’hui pour un modèle de réussite économique, et se
classe régulièrement parmi les plus prospères du continent africain. Pouvez-vous
imaginer que ce pays, au bas de l’échelle en 1966, n’a pas cessé d’afficher
entre 1970 et 2000, une croissance annuelle moyenne de près de 9% ! Comment
a-t-il réussi ce miracle ?
C’est simple, une question de gouvernance.
Au plan politique, le Botswana est une république
qui mixe le régime présidentiel à la démocratie représentative, dans lequel le
président est à la fois chef d’État et chef du gouvernement. Curieusement, si l’exécutif
est l’apanage du gouvernement, le législatif est exercé à la fois par le
gouvernement et par le parlement. Le pouvoir judiciaire quant à lui est totalement
indépendant de l’exécutif et du législatif. Bâtie sur un système multipartite, la
vie politique reste cependant dominée depuis l’indépendance par le Botswana
Democratic Party.
Ce système politique équilibré opère avec une
administration stable, expérimentée, peu sensible à la corruption.
Au plan économique, le Bostwana est dotée par la
nature d’un sous-sol riche en diamants qui le classe au rang de troisième
producteur mondial, en minéraux (cuivre, nickel), en charbon et en pétrole. Mais,
contrairement à bien des pays que leurs ressources naturelles ont, par une implacable
malédiction, condamné à être à la traîne des économies mondiales, empêtrés dans
les cloaques glauques de la corruption et gangrenés par les turpitudes d’une
incontrôlable gabegie, le Bostwana a échappé à ce mauvais sort en optant dès le
départ pour une gestion prudente et une politique avisée.
En effet, il est régulièrement classé au premier
rang des pays africains en matière de gouvernance et de transparence (30ème sur
174 pays selon l’Indice 2012 de la perception de la corruption de Transparency
International). Son taux de transparence est de 6,1 en 2011 (5,4 en 2007) sur
une échelle de 10, faisant de lui de très loin le moins corrompu du continent
africain, à faire pâlir d’envie bien des pays donneurs de leçons à un tiers
monde malade de ses régimes politiques et souffrant de ses systèmes
économiques, et à faire rougir de honte les concepteurs de campagnes à deux
sous, qui prétendent mettre en garde la population contre la corruption par le
biais d’affichettes collées sur les murs d’administrations pourries jusqu’à l’os !
Si l’on est à la recherche de
la recette miracle pour une économie performante et une répartition équitable
des richesses, l’on trouvera en le Bostwana offre un cas d’école qui laisse
rêveur.
Ce petit pays d’Afrique
australe, sans accès à la mer, démontre qu’il n’y a pas de malédiction inexorable.
Il y a juste aux commandes de la gestion du pays soit des hommes véreux et incapables,
soit des âmes bien nées auxquelles rien n’est impossible.
Rida Lamrini - 04 juin 2014