Une demi-heure plus tard, Rayan arrive au pied-à-terre
de Naima. Dans ce lieu où il n’est que de passage, il se sent étreint par le
vide et la solitude de l'endroit qui font écho à la fêlure qui a lézardé sa vie. Il entend
un bip.
Dina : Café One love, à Mohammed Abdou, quartier Palmiers.
Est-ce le fait de voir cette dernière, ou de ne pas rester
seul, mais il jubile à l’idée d’avoir échappé à ce qui allait être une morne soirée. Il arrive à One Love en avance. Des
clients, disséminés ici et là, accentuent la sensation d’endroit désert. Il
s’installe dans un coin où il a une vue panoramique sur la rue. Il la verra venir. En attendant, il se
demande si Dina sera une aventure éphémère ou une future compagne de vie ?
Saura-t-il la courtiser, ou agira-t-il tel un lycéen à sa première
escapade ? Il cesse de s’interroger à la vue d’une silhouette gracile qui
s’approche sous les lampadaires.
Elle s’assoit devant lui, gênée d’être observée.
Sobre et élégante, elle porte un pantalon bleu nuit, un chemisier blanc gris sous
un veston doux gris ouvert à motif chevron. Un foulard bleu céleste ponctue
l’ensemble. Fasciné par son allure, rivé sur son visage, prisonnier de son
regard, il est subjugué par son charme. Il s’évade sur ses joues carrées, se
promène sur sa bouche plantureuse, revient à la douceur de ses yeux. Son
tréfonds vibre à son sourire.
Sans qu’ils aient échangé un mot, ils sentent un courant les parcourir,
comme s’ils voulaient jouir en silence de ce moment fugace. Leurs mains posées sur la
table avancent insensiblement l’une vers l’autre, se touchent, se croisent, échangent
une chaleur, cherchent un être à étreindre. Leurs yeux se parlent. Leurs cœurs
battent à l’unisson.
Dina songe à ce qui lui arrive. Elle en a rêvé,
l'a imaginé, l’a désiré, ne l'a jamais vécu. Ce soir elle le touche des mains. Elle est heureuse. Cela lui suffit.
Rayan est ivre. Une femme autre que
Amira occupe ses pensées.
Ce soir, ils tutoient les étoiles. Vivent-ils un coup de
foudre ?
Extrait de "Tant que je peux te dire je t'aime"
Roman de Rida Lamrini
Bouznika, 25 décembre 2019
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