28 avril 2020
La photo surgit subitement de
l’album, telle l’eau d’un geyser éjectée en l’air, libérée des entrailles
volcaniques de la terre. Rayan la reçoit violemment
au visage. Il est pris de spasmes. Les
larmes se bousculent dans ses yeux. Le
regard embué, rivé sur la photo, il s’éloigne de son écran d’ordinateur, se sent vaciller sur son siège.
Dieu qu’il est beau Hicham !
Une douleur l’étreint. Le silence
de ses enfants l’écrase. Son ventre est contracté à l’idée de ne plus les
revoir. Il éteint les lumières, ferme ses téléphones, désinstalle sa messagerie, désactive
ses comptes sur
les réseaux sociaux, disparaît du radar. Il passe son temps au lit, obnubilé
par ses enfants, pleurant les larmes de son corps. N’a-t-il pas été le père
qu’ils voulaient ? Un enfant n'a jamais les parents dont il rêve. Seuls les enfants sans
parents ont des parents de rêve.[1]
Cela fait quatre jours qu’il vit reclus.
Sa solitude s’est épaissie. Ses larmes ne cessent de couler. Le cœur serré, la poitrine oppressée, il est assailli par de sombres pensées. Il oscille entre s’enivrer à l’alcool,
s’assommer à la drogue, mettre fin à ses jours. Après avoir surmonté sa crise du
temps où ses enfants étaient encore jeunes,
il s’est cru indestructible, insensible
aux épreuves. Et voilà qu’une photo exhumée
de l’oubli l’a dévasté, rendu impotent, révélé
la faiblesse confinée sous une carapace qu’il
pensait imprenable. Affalé
devant la télévision, indifférent aux images
qui défilent, il sombre peu à peu dans la dépression, en dépit de ses
efforts à réenfiler l’armure de l’homme fort.
Le soir tombe, avec lui toute la détresse
du monde. Il se glisse dans son lit, tire la couette sur lui, se
réfugie dans un univers où, seul avec lui-même, il panse les blessures de la vie.
Il avance à pas lents dans une brume qui adoucit l’apparence des formes. Il plane plus qu’il
ne marche. Le silence enveloppe une flore que l’on devine luxuriante. Le clair-obscur tinte de blanc violet la nébulosité ambiante. Oscillant entre rêve et mélancolie, douceur et solitude, la savoureuse
couleur apporte à l’endroit une distinction naturelle, une touche légère,
un halo suave. Des milliers de lucioles virevoltent
dans l’air. Les insectes luminescents éclairent
l’atmosphère vaporeuse, rivalisant avec les étoiles qui scintillent dans le ciel bleu violacé. Sous
un bonnet rouge vif, l’air malicieux, la mine espiègle, un lutin surgit d’un
buisson, vient à sa rencontre.
– Bonjour Tootsie, dit Rayan.
Il a affublé la créature onirique de ce nom dès leur première rencontre. Tootsie sautille autour de
lui, heureux de le revoir. Il le
prend par la main, l’entraîne à l’intérieur du monde fantasmagorique.
– Il y a un bail que tu n’es pas venu, dit-il.
– Tootsie, j’ai besoin de toi. Je suis désemparé.
– Alors apaise-toi, et rappelle-toi ce qu’a dit le Créateur :
Ceux qui ont
cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah. N’est-ce point
par l'évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ? (28) [2]
Les yeux de Rayan s’embuent. Il refrène un sanglot.
– Tu pleures ? demande le lutin.
– La parole révélée me bouleverse. Ça me fait du bien.
– Alors, raconte. Je suis tout ouïe.
– Je ne sais par quel bout commencer.
Il ravale son émoi, évoque la
photo, la détresse qui l’étreint. Ils avancent en silence dans une nature en demi-teinte, arrivent à un promontoire qui surplombe une
immense vallée. Celle-ci s’évanouit au loin au pied de hautes montagnes
enneigées. La forêt s’est clairsemée, les
brumes dissipées, le ciel éclairci. Tootsie attend que Rayan se confie,
comme il le fait quand il vient le voir.
– C’est triste, dit celui-ci d’une voix entrecoupée de
sanglots. À l’âge où l’on profite de ses
enfants, je pleure les miens. Ils
sont tout ce qui me manque de ma vie passée.
– Je comprends ta peine. J’étais près de toi à chacun de
tes coups durs. Quand tu as perdu ton argent et n’as pas pu payer la scolarité
de tes enfants. Quand tu as fait une dépression. Et quand tu as souffert pour
payer leurs études supérieures. À
chaque fois tu t’en es sorti. Avec l’aide de Dieu. Tu t’en sortiras cette fois
aussi. Souviens-toi que rien ne nous appartient ici-bas. Biens, progéniture,
santé, tout Lui appartient. Rappelle-toi l’intimation
divine :
Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de
diminution de biens, de personnes et de fruits. (155) Et fais la bonne annonce aux endurants qui disent, quand
un malheur les atteint, certes
nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. (156) Ceux-là
reçoivent des bénédictions
de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde ; et ceux-là sont les biens guidés. (157)
[3].
– Tu as appris ces préceptes à tes enfants ?
– Plus ou moins…, balbutie Rayan.
– Plus ? Ou moins ?
– Je leur donnais l’exemple, leur en parlais, mais ne
leur imposais rien. J’évite la contrainte,
préfère inculquer des principes, donner l’exemple et les laisser libres
de leurs choix. Je n’aime pas m’afficher. La piété est une affaire personnelle.
C’est ma conduite dans la vie, y compris
avec mes enfants. C’est ma façon de les respecter.
– Je ne vais pas discuter l’éducation que tu as donnée
à tes enfants. C’est trop tard. Mais s’il y a un verset du Coran qu’ils auraient
dû apprendre c’est bien celui-ci :
Et ton
Seigneur a décrété n’adorez que Lui ; et marquez de la bonté envers les père et
mère, si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi
; alors ne leur dis point Fi ! et ne
les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. (23) Et par
miséricorde abaisse pour eux l'aile de l'humilité et dis ô mon Seigneur,
fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit. (24) [4]
Rayan reste silencieux, le
regard perdu dans les montagnes.
– Dieu est en train de t’éprouver. Sois endurant. Si
un être cher disparait, un ami viendra et te dira « Je voulais avoir de
tes nouvelles » et, par
miracle, tu te sentiras moins seul. Un proche t’écrira des mots
compatissants, et ta peine sera plus légère. Et lorsque rien n’apaise ta douleur, surviendra un être qui adoucira
ton chagrin en te disant : « Je sais la peine qui t’abat. C’est
nous-mêmes qui mourons en partie. Le vide ne se referme jamais, même si le
quotidien nous fait oublier un peu. Certaines nuits, le sourire de ma mère me
réveille. Il est celui de mes enfants. La vie est dans nos enfants ».
Les paroles de Tootsie dégoulinent sur Rayan comme
une pluie bienfaitrice qui tombe sur une terre desséchée.
– Et si le Ciel, dans
son impénétrable écriture du destin, décide d’éclairer ton malheur d’une
lumière sublime, il t’enverra
un être qui partagera avec toi un magnifique poème de la vie. Dans les moments sombres de l’existence, le Ciel envoie des lutins du
bonheur. Avec des torches flamboyantes et des propos ineffables, ils allègent par
miracle les peines et illuminent les chemins de la vie.
Rayan ouvre les yeux, retrouve le monde qu’il a fui la
veille. Il a mal aux tempes. Comme si on cognait dessus par intermittence. La
douleur s’estompe peu à peu. Un bruit inhabituel se fait entendre. On frappe à
la porte. Il se lève, inquiet, entrouvre la porte, jette un coup d’œil
circonspect. Sa dame de ménage est debout dans le couloir, essoufflée. Il ne
l’attendait pas. Ce n’est pas son jour de travail.
Aicha vit en famille dans le
village de Oulad Amara. De
condition modeste, elle est d’une nature douce, d’une grande abnégation. C’est une couturière de métier. Elle a cependant
accepté de faire l’appartement de
Rayan les samedi matin. Pendant qu’elle fait le ménage, elle
évoque sa vie de famille, lui raconte les histoires du village ; il lui confie son vécu, lui parle des choses de la vie. Par-delà les niveaux social et d’éducation qui les séparent, ces échanges les ont rapprochés, leur permettent de partager en
toute simplicité de profondes valeurs humanistes.
Aicha semble agitée.
– M. Rayan, votre téléphone ne
répond pas. Vos proches à Casablanca ne savent comment vous joindre. Ils sont paniqués. Votre nièce Anissa m’a pressée
de venir voir ce qui se passe. Ma famille est aussi inquiète. En venant ici, je
m’attendais au pire. Dieu merci, vous êtes
sain et sauf.
Rayan s’efface, l’invite à entrer,
submergé par les larmes. Il
songe à Tootsie, détourne les yeux, contrôle son émotion. Il lui parle
de la photo, du silence des enfants, du réveil des cicatrices. Aicha
connaît sa peine. Il lui a souvent parlé de son divorce, de ses enfants. Pleurant doucement, elle le
console avec les mots des pauvres gens.
– M. Rayan, vos enfants reviendront. Soyez patient. Vous
êtes un homme bon. Dieu ne vous oubliera pas.
– La photo de Hicham m’a bouleversé. Ça m’a fait très
mal, au point de ne pas pouvoir parler. J’entendais sonner le téléphone, mais ne
pouvais pas répondre. Je ne savais quoi dire, et je n’avais rien à dire. Mais j’étais
loin de penser que ça allait déclencher une telle inquiétude.
– Ne vous en faites pas. Ça s’arrangera. Les enfants
finissent par revenir à leurs parents.
– Je ne pense pas. Je ne reverrai
pas les miens. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter ça. Mais je
dois vivre avec.
– Votre famille vous aime. Et ça c’est important.
– Bon, rentre chez toi, appelle
Anissa et ces deux numéros, dis-leur que je vais bien, qu’ils ne s’inquiètent pas.
J’ai besoin de rester seul. C’est
un moment de faiblesse. Ça passera.
Quelque peu soulagé, il se vautre devant sa télévision,
regarde un vieux film des années cinquante. Le temps passe lentement,
comme sa vie. Soudain, il entend une
sonnerie nerveuse. Il se dirige
d’un pas mal assuré vers l’entrée, ouvre la porte, distingue deux silhouettes.
Il met du temps pour reconnaître ses visiteurs inopinés, ne croit pas ses yeux. À l’heure qu’il est, ils devraient être à leurs cabinets de médecins ! Ils ont
abandonné leurs patients et se sont précipités chez lui ! Il réalise le
trouble provoqué par son silence chez
sa famille. Après un moment de flottement, il recule et, marchant comme un
somnambule, les précède au salon.
– On t’a cru mort ! disent-ils en chœur. Tu vis
seul, tu ne réponds pas au téléphone, que veux-tu qu’on pense ! ajoute Fayçal. Alors on est venu vérifier sur
place !
– Vous avez croisé Aicha en venant ici ? Je lui
ai demandé de vous appeler et vous rassurer.
– On n’a vu personne. Tu crois
que ta nièce peut attendre l’appel de Aicha ! Elle est si angoissée pour
toi qu’elle m’a obligé à tout laisser tomber et venir ici d’urgence. Tu appelais
Fayçal dix fois par jour. D’un coup plus rien. Tu imagines son état. Il a tenu à m’accompagner. Tout le monde s’imagine le pire. Bon, tu vas bien,
on peut rentrer, n’est-ce pas
Fayçal ? Mais ne refais plus ce coup !
– Désolé pour ce tracas, dit
Rayan, la mine penaude. Mais vous n’allez pas repartir tout de suite !
Vous n’avez pas fait ce trajet pour rentrer aussitôt !
Avec un regard embué, Rayan voit Fayçal
et Mohammed
autrement. Leur venue précipitée l’a autant étonné que profondément ému.
Elle les a métamorphosés à ses yeux. Assurément, les êtres prennent une toute autre
allure durant les épreuves. Ils ne sont plus le cousin et le mari de la nièce. Fayçal
n’est plus ce garçon qu’il appelle dix fois par jour pour parler de choses
sérieuses ou raconter des blagues idiotes, qui a grandi devant lui, est devenu
son médecin de famille, resté l’ami de tous
les jours. Mohammed n’est plus le gendre aimable, rigoureux, mu par le sens de la famille, à la vie
réglée comme une horloge, avec lequel il prend un malin plaisir à s’étriper à
coups de blagues qu’ils sont les seuls à savourer et décoder.
Au nom de la famille, ses deux visiteurs ont tout laissé tomber, foncé sur Bouznika toute affaire cessante, anxieux de savoir ce qui lui est arrivé. Leur
geste lui fait mesurer l’affection que sa famille lui porte, sentiment qu’il soupçonnait,
démontré aujourd’hui au grand jour. Ému, il pleure en silence.
– Bon, dit Fayçal, raconte ce qui
se passe, le voyant sérieusement affecté. Je te savais plus fort que ça.
Il se ressaisit, sèche ses larmes,
surmonte sa réticence à se confier, prend une grande inspiration, libère sa douleur :
– Il y a quatre jours, j’écrivais.
Au bout d’un moment, je voulais me reposer. Je me suis amusé à mettre de l’ordre dans mes photos stockées dans le
dossier Mes images de mon ordi. Des photos de ma vie, mon ex, les enfants, nos voyages, nos
anniversaires, nos week-ends, nos séjours à Cap
de l’eau, nos soirées, nos vacances,
nos amis…
Mohammed et Fayçal écoutent avec attention.
– Ça fait un bail que je n’ai pas jeté l’œil sur ces photos. Une manière de tourner la page, tirer un
trait sur le passé, comme si mon foyer n’a pas existé, comme si je n’ai pas eu
de femme, d’enfants. Mon mariage n’a été qu’une parenthèse, longue de trente
ans, mais fermée comme si elle n’a jamais été ouverte. J’avance dans la vie, solitaire, inébranlable tel un roc.
Il s’arrête, refrène des larmes
qui montent à nouveau, étonné de s’entendre parler de lui-même.
– Ce jour-là, je ne sais pourquoi,
je me suis mis dans la tête de trier et classer mes albums. Je regardais à peine les
photos, tout juste pour savoir dans
quel dossier mettre chaque photo. Soudain, celle de Hicham a surgi comme mue par un ressort. Je l’ai reçue en
pleine figure. Elle a déclenché une
déflagration en moi, m’a ravagé. Le roc s’est effondré. Oui, mes enfants
me manquent.
Mohammed et Fayçal sont bouleversés, s’efforcent de ne
rien révéler de leur émotion.
– Je n’ai hésité devant aucun sacrifice pour eux. Je
me demande qu’est-ce j’aurais dû faire de plus.
– J’ai vu comment tu les as élevés, dit Fayçal. Tu
peux être fier et avoir la conscience tranquille.
– Tu te confies peu, dit Mohammed.
Mais on sait ce que tu éprouves. Tu n’as pas besoin de parler. Tu
surmonteras, tu es fort. Alors secoue-toi, reprends des forces, fais de
l’exercice et redeviens le Rayan que nous connaissons.
– Tiens, prends ça, dit Fayçal en lui tendant une
boîte.
– C’est quoi ? demande Rayan.
– Des anti-dépresseurs.
– Non merci. Je préfère surmonter
ce moment seul.
Rassurés, Fayçal et Mohammed s’apprêtent à prendre
congé et retourner à leurs obligations. Rayan cache ses larmes, s’efforce de
paraître plus serein.
– Tu pleures toujours, s’exclame Fayçal ?
– Des larmes de bonheur, le bonheur de vous savoir là
pendant les moments difficiles.
Ils le serrent contre eux, puis s’en vont. Resté seul,
il rallume ses téléphones, découvre les nombreux appels en absence. Il écoute
les messages vocaux. Deux retiennent sont attention. Anissa est angoissée de ne
plus pouvoir communiquer avec son oncle. Laila est désemparée devant la
disparition de son amant.
Étourdi, Rayan songe à Tootsie. Dans
les moments sombres de l’existence, le Ciel envoie
des lutins avec des torches flamboyantes et des propos ineffables qui allègent par
miracle les peines et illuminent les chemins de la vie.
Ce
matin, le Ciel lui a envoyé Aicha, Mohammed, Fayçal, Anissa,
Laila, de merveilleux lutins du bonheur. Leur amour a mis du baume sur son
cœur et l’a aidé à panser ses plaies.
[1] Boris Cyrulnik, Médecin, Psychanalyste,
Psychiatre, Scientifique (1937 - )
[2] Noble Coran, Sourate
Ar-Ra’d :
الَّذِينَ آمَنُوا وَتَطْمَئِنُّ قُلُوبُهُمْ بِذِكْرِ
اللَّهِ أَلَا بِذِكْرِ اللَّهِ تَطْمَئِنُّ الْقُلُوبُ [٢٨]
[3] Noble Coran, Sourate Al-Baqara
وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ
وَنَقْصٍ مِنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنْفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ
[١٥٥]
الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُمْ مُصِيبَةٌ قَالُوا إِنَّا
لِلَّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ [١٥٦]
أُولَٰئِكَ عَلَيْهِمْ صَلَوَاتٌ مِنْ رَبِّهِمْ
وَرَحْمَةٌ وَأُولَٰئِكَ هُمُ الْمُهْتَدُونَ[١٥٧]
[4] Noble Coran, Sourate Al-Baqara
وَقَضَىٰ رَبُّكَ أَلَّا تَعْبُدُوا إِلَّا إِيَّاهُ
وَبِالْوَالِدَيْنِ إِحْسَانًا إِمَّا يَبْلُغَنَّ عِنْدَكَ الْكِبَرَ أَحَدُهُمَا
أَوْ كِلَاهُمَا فَلَا تَقُلْ لَهُمَا أُفٍّ وَلَا تَنْهَرْهُمَا وَقُلْ لَهُمَا
قَوْلًا كَرِيمًا [٢٣]
وَاخْفِضْ لَهُمَا جَنَاحَ الذُّلِّ مِنَ الرَّحْمَةِ
وَقُلْ رَبِّ ارْحَمْهُمَا كَمَا رَبَّيَانِي صَغِيرًا [٢٤]
Extrait de "Tant que je peux te dire je t'aime"
Roman de Rida Lamrini
Bouznika, 26 mai 2020