Il fait sombre. Après des hésitations, elle monte l’escalier. Elle ne s’est
jamais aventurée ainsi avec un homme. L’ascension
est interminable. Là-haut, dans une chambre faiblement éclairée, elle s’offre à celui qui lui a redonné vie, et
envie.
Ses mains l’enflamment. Ses
caresses ravivent ses artères. Ses étreintes, vagues puissantes, l’emportent
dans une enivrante sensualité. Ses baisers font fondre ses dernières
résistances. Tendres et ardents, ils font suinter l’amour de ses pores, porter
ses sens à l’incandescence. Elle est haletante, ne se maîtrise plus. Elle s’est
offerte. Elle est une offrande sur l’autel de l’amour. Elle est entre les mains
de Chedsounéfertoum, grand prêtre de Ptah, procédant au sacrifice final dans le
temple de l’antique Memphis d’Égypte.
Une onde irradie de son tréfonds,
affleure sous sa peau, déferle dans ses veines, se propage dans son corps, s’évanouit
dans ses courbures. Elle s’élève dans les volutes éthérées de l’amour, frappe
aux portes de l’empyrée, se fond dans l’élément igné de la sphère céleste.
Brûlée, consumée, elle redescend lentement vers l’insipidité du monde terrestre.
Un corps s’est glissé dans son lit, pelotonné dans son dos. Sa fille s’est
blottie contre elle.
Extrait de "Tant que je peux te dire je t'aime"
Rida Lamrini
15 octobre 2019