Casablanca, 1995. Le pouvoir est détenu par la droite. La corruption et le règne en maître sur le pays. Les riches cumulent les privilèges au détriment des plus pauvres. La justice, à double vitesse, punit les plus faibles et protège les plus forts. Devant ce chaos politique et administratif, les autorités tentent de mettre un semblant d’ordre en lançant une campagne d’assainissement afin de dissiper la nébuleuse qui gravite autour des nombreuses transactions financières du pays.
Amine, revenu au Maroc après avoir étudié et émigré au Canada, dirige une entreprise d’importation de thé. Entrepreneur intègre, il a espoir en cette campagne d’assainissement qui marque le début d’une nouvelle ère politique. Lorsque les services des douanes frappent à sa porte et l’accuse de vendre de la marchandise de contrebande, Amine nie les faits et fournit les justificatifs prouvant sa bonne foi. Mais ce qu’il croyait être une méprise de l’administration, s’avère être en réalité un piège tendu par un concurrent sans scrupules qui n’a pas hésité à soudoyer le chef de la brigade financière. Face à cette flagrante injustice, Amine s’arme d’un ami haut placé et d’un avocat pour rétablir la vérité. Il en ressort blanchi mais anéanti. Il décide de retourner au Canada pendant quelques temps.
Ba Lahcen, pauvre vieil homme habitant à Derb Talian, se retrouve embarqué dans une rafle et détenu pendant trois jours dans des conditions misérables parce qu’il n’avait pas ses papiers d’identité. Sa fille aînée, Aïcha a disparu depuis une semaine. Elle s’est enfuie clandestinement en Italie. Un après-midi alors qu’elle et son amie Lamia étaient en compagnie de Jamal et de son cousin Karim, Jamal a tenté de violer Lamia mais cette-dernière a succombé à un arrêt cardiaque en se débattant. Témoin du meurtre, Aïcha n’a pas trouvé d’autre alternative que de fuir de peur de se confronter à Jamal et Karim, fils respectifs de Yamani, le plus puissant homme d’affaires marocain et de Talabi, le Député de Casablanca.
Bachir, inspecteur impartial, est chargé de l’enquête. De nombreux indices, des témoignages des domestiques et une lettre envoyée par Aïcha où elle relate les faits, accablent Jamal et son cousin Karim. Bachir est sur le point de traduire les deux adolescents en justice lorsque ses supérieurs lui ordonnent d’arrêter l’enquête. Yamani et Talabi ont fait pression sur des hauts- magistrats pour étouffer le meurtre. Jamal et Karim sont envoyés aux Etats-Unis pour se faire oublier quelques temps… Déçu du système judiciaire, Bachir démissionne de la police.
L'auteur
Après son essai « Le Maroc
de nos enfants », Rida
Lamrini nous livre dans ce roman l’univers casablancais étrangement familier des affaires. C’est aussi une période que l’on n’est pas
près d’oublier, celle de la campagne d’assainissement, où les cartes avaient
été brouillées, au point que des mondes qui ne devaient jamais se rencontrer
ont été mis en contact, parfois très brutalement.
Observateur des mœurs sociales,
l’auteur nous fait vivre une intrigue policière, prétexte à des portraits
emblématiques.
Casablanca l'industrielle, la commerçante. Casablanca
des petits métiers et de la grande finance. Ce sont des hommes et des femmes
qui se croisent, et se heurtent avant de retourner chacun dans son monde,
chacun dans ses codes, jusqu'au jour où une jeune fille disparaît.
Le destin de cette jeune fille,
comme celui de sa famille, fait pénétrer le lecteur dans un monde parallèle au
précédent, celui des petites gens qui survivent en marge de l'explosion
économique de Casablanca. Le cadavre d'une femme est découvert dans un de ces
beaux domaines, comme aime à en acquérir la grande bourgeoisie d'affaires
marocaine. C'est un autre monde parallèle au précédent. Ils se sont croisés un
jour, dans la recherche de l'argent et du plaisir facile. Les conséquences en
sont dramatiques.
Autre univers, celui des jeunes
entrepreneurs qui tentent d'imposer de nouvelles valeurs, de méthodes de
gestion. Ils tiennent le haut du pavé intellectuel mais essuient de sérieux
déboires dans leurs affaires parce qu’ils ne savent pas naviguer dans les
règlements de comptes occultes qui agitent la société. En face de
ces mondes et monde elle-même, la police est paradoxalement toute puissante et
impuissante.
Le choc de ces univers modernes
et traditionnels, où se côtoient riches et pauvres, dominants et dominés, est
la toile de fond de l'action. Chacun a ses lois, lesquelles ne sont pas
forcément la Loi…
Au delà des intrigues, le roman
est une peinture sociale du Maroc contemporain, et une peinture qui bouge en
même temps que bouge Casablanca.
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